Aklatan Capitaine des Plaines
Messages : 483 Date d'inscription : 04/07/2008 Age : 111 Localisation : Collines de Sous-Voûte-Chêne, la maison à côté de la cascade, où un gnome taille parfois des pierres.
| Sujet: A jamais trois sans deux Sam 9 Oct - 8:20 | |
| Ogre, nain, gobelin Sont trois voix qui fredonnent, Mais seule une personne Se promène en leur sein. Tous les trois se ressemblent De par leurs traits infâmes Et parce qu’aucun semble Ne pouvoir trouver femme !
« Mais y a-t-il un destin Encore d’évoqué Derrière tels visages ? Ils ne voient pas plus loin Déjà que leur gros nez Et leurs sombres présages ! Font mine d’avancer Souriant plein les dents Hors de l’obscurité… Les griffes en avant ! Il est d’autant frivole D’aller parlementer En parlant de beauté A un pauvre et vieux troll ; A peine prévenu, Vous croquera tout cru ! Il suffit qu’il soit vu : Qui le vit qui le crut.
Cela montre aussitôt Que malgré tous les vœux, A défaut d’être beau Ou même gracieux, Il manquera aussi A la diplomatie !
Alors qu’attendre encore ? Que nous tous ayons tort ?
Si vient le repentir, Tous il révoquera Jusqu’à s’anéantir, Noyé de désarroi, Faisant de ses yeux clos De loin sa meilleure arme, Se repaissant du flot De ses amères larmes.
Ainsi qu’attendre aussi ? Que nous changions d’avis ?
Tant que siègent les nuées, que leurs têtes s’y fondent ! Entre-dissimuler les êtres de deux mondes ! Là-bas des yeux errants nous épargnant leurs faces, Ici tous nos amants et notre temps qui passe !
Bien que cruelles fussent Ces manières, c’est pour Eloigner les rictus De ces gens pour toujours ! Devez cette mesure Qu’aux mœurs de la nature Qui laisse vivre à deux Ceux qui seront heureux. »
Discours abominable Dénué de tout savoir, De gens bien incapables De comprendre l’histoire ! Racontons-le au moins, Tout aussi sot qu’il soit, Ogre, nain, gobelin : Personne en une fois.
L’ogre gris s’amoncèle Comme énorme rocher, Tas de mélancolie, Le poids d’un abandon, Du fond de sa prison, Le fait tant regretter De n’avoir encore fui De son masque charnel. Il pleure chaudement En voie vers l’immobile, L’abondant s’affaissant, Et ne bat plus son plein. Ce recroquevillant N’est pas croque-vilain, Signe d’un cœur fumant Qui ne bat plus tranquille…
Il aimerait tant que Ceux qui voudraient sa peau Acceptent son grand cœur Servi sur un plateau !
Le gobelin grognard Est gargouille qui gronde, Inflige et qui fulmine Son fracas furibard Au beau reste du monde Par sa mauvaise mine. Tous immondes ses mots, Ses gestes et son humeur, Ses blessures, ses maux, Ses vices, ses défauts, Ses frères et ses sœurs En sont les débiteurs !
Sa bienveillance est morte Quand naquirent ces choses, Voici pourquoi sa porte Toujours restera close, Et bien mauvaise augure D’approcher sa masure : Crachera ses injures Plein sur votre figure !
Enfin reste le nain, Comme ses compagnons, Entre l’épaisse terre Et puis la dure pierre, Il habite aux confins Sa moyenne maison, Tout saisi de chagrin, Il n’est pas moins grognon, Cependant au contraire, Ces choses l’indiffèrent Car son nerf fait de fer Abat le goût amer D’être laissé au loin Des bien généreux ponts Franchissant la rivière Vers son rivage frère ; Ils étaient éphémères : Un jour ils s’écroulèrent, Et depuis il ne vint Plus une embarcation.
Les îles solitaires Sont comme son visage Qui n’a qu’à être fier Des lignes de ses plages, Et l’écume aux frontières Se garde de la mer, Un rivage est offert, Ramage ne se perd.
Tout son contentement, C’est ici qu’il le cueille Pour le mettre à l’abri, Ce pain bien sous-pesant Façonné dans l’orgueil Ne profite qu’à lui.
Et ainsi confiné, Comptant son maigre bien, Rien ne lui fût donné, Il ne donnera rien.
Quoi que pourront y voir Ceux qui rencontreront, Bien loin de tout brouillard Ces trois bons compagnons, Jamais marchant à deux, Toujours ne faisant qu’un, En un sont trois d’entre eux, Ogre, nain, gobelin
Les suivront qui ne tremblent Et celles qui le veulent, Eux qui marchent ensemble Mais qui demeurent seul.
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