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 La paire de dés valsant - Premier dé

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AuteurMessage
Aklatan
Capitaine des Plaines
Aklatan


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Date d'inscription : 04/07/2008
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Localisation : Collines de Sous-Voûte-Chêne, la maison à côté de la cascade, où un gnome taille parfois des pierres.

La paire de dés valsant - Premier dé Empty
MessageSujet: La paire de dés valsant - Premier dé   La paire de dés valsant - Premier dé Icon_minitimeMar 26 Oct - 18:36

Vivardy était aussi grand guerrier qu’il était un séducteur. Il lui suffisait de faire un pas dans le cercle féminin pour semer la pagaille la plus sauvage, tant l’envoutement qu’il exerçait était charmant, tant son charme était envoûtant ! Il faisait figure héroïques parmi les rêves indécents des jeunes filles, n’excluant nullement les fantasmes désinvoltes des femmes mûries par les temps et batailles… comme l’arbre fruitier sur le champ déserté.
On complimentait ses talents guerriers en la compagnie du bellâtre ; elles le proclamaient partout comme un envoyeur inégalable et intouchable – point sur lequel ses amours insistaient fermement – et on vantait mieux encore sa beauté lorsqu’il guerroyait. Et guerroyer, Vivardy n’y manquait pas. Il y manquait si peu, s’y attardait si bien, qu’il compensait le reste de sa vie à plaire, à séduire, à la chair et au plaisir…

La guerre faisait rage. Acre comme le suif et le soufre, noire comme la cendre et la poudre, l’enfer et le canon, froide dans le désert et l’enfer, son fer et son acier… Ardente comme le cœur flamboyant de Vivardy, qui entendait tonner au loin, comme le rythme régulier qu’il faisait faire à ses reins le soir venu.
« Ca y est, cette fois, c’est la dernière. » marmonna Pillupou en rasant les quelques poils moribonds de son menton pâle. Il s’adressait à son compagnon en se regardant dans le morceau de miroir, accroché au mur de la cabane du campement en bordure du champ de bataille. Ses yeux ternes ne semblaient même pas chercher le moindre réconfort.
« Tu ferais bien de te nettoyer aussi, ou tu perdrais toute une vie de réputation une fois revenu.
- Je ne reviendrai pas. Puisque je me laverai ce soir. » lança sobrement Vivardy, assis à quelques pas sur une chaise, les jambes enroulées autour de son dossier. « Tu passes un sacré moment à te décrasser en sachant pertinemment que tu vas patauger dans la boue le moment d’après. J’agis avec méthode.
- Comment ça tu agis ? Tu ne fais rien ! Tu devrais, toi, surtout savoir PERTINEMMENT qu’on va se faire arracher la tronche aujourd’hui ! Libre à toi de te faire mettre en boîte un rat d’égoût…
- Oh non, pas la tronche… » susurra coquettement Vivardy en caressant la peau de sa joue, avec un regard furtif vers Pillupou. « Mais si je garde mon temps pour me laver ce soir, c’est parce que je sais PERTINEMMENT que je ne vais pas me faire ARRACHER LA TRONCHE ; dussé-je engrosser toutes les femmes du royaume, aucune ne mettra au monde celui qui me fera passer du lit à la chemise de sapin !
- Et arrête de parler de lit, de femmes ! Tous les jours, ça nous passe sous le nez, ça fait des mois que j’ai pas vu la mienne.
- Parce que c’est tout ce qu’un jeune marié comme toi compte faire ? La voir ? « Un silence s’avachit lourdement entre eux deux pendant un instant.
« Je te parie que je dévergonde avant ce soir. Tu veux qu’on parie, Pil ? »
Manifestement, aucun d’eux ne refusait quelques tours dans la ronde du hasard, chaque fois qu’une occasion se présentait, cela faisait d’ailleurs leur passe-temps quotidien, le seul qui leur restait outre défier la mort dans la lande. Vivardy aimait d’autant lancer, miser et parier, qu’il était gagnant coup sur coup : battre les cartes, jeter les dés, amasser ; voilà l’opération de la fortune qui faisait chacun de ses succès, en jouant comme en faisant jouer toute sorte de fusil…

Tous deux revinrent de la bataille. Mais pas pour vivre. Pillupou revint pour prier, et Vivardy pour se faire beau. C’est en sifflant qu’il rasa sa barbiche luisante, peigna sa noble chevelure, et lava son visage qui, si lisse et propret soit-il, faisait des ravages. Il s’en alla au village avant même que le crépuscule ne rougeoie, ou que le premier cadavre ne se putréfie là où on l’avait laissé aujourd’hui : Vivardy allait répandre gloussement ravis et frissons brûlants chez les gente doucette.. Pour n’en revenir qu’au matin. Ses amours ne se comptaient nullement chez les courtisanes, mais bien dans les maisons à la bobinette méfiante qui restait ouverte pour les plus hardis.

Les batailles ne cessaient leur cavalcade infernale, dans l’abyme où le règne bestial cache ses pièges funestes. Il en venait une autre, et Vivardy ne s’était toujours pas décrassé, ce matin- là.
La discussion fut plus brève entre les deux moralistes impairs, mais l’issue bien différente ; car Pillupou venait d’entre-ouvrir la porte de l’ambition en songeant à l’adresse au combat de Vivardy, et à la protection qu’il pourrait y puiser. Et comme lui, le jeune Pillopou aimait tourner la roue, bien qu’il ne s’y hasarde pas avec grande virtuosité…
« Je te parie que je coucherai autant que je suis poilu avant de me faire descendre par l’autre bord.
- Par le fond, tu veux dire ?
- Non, le fond je m’en charge. L’autre bout aussi.
- Alors je parie aussi. » Un silence plus lourdaud que jamais pris place avec une aisance d’une grossièreté inégalable.
« Pour toucher le fond, tu veux dire ?
- Tout ce que tu veux, mais je suis déjà rasé, et puisque ce matin n’est pas le bon, le soir le sera, les jeux sont faits ! » En dissimulant toute sa goguenardise derrière un regard qui se voulait dissuasif, Vivardy déclara au bout d’un moment, à la façon d’une crêpe qui s’écraserait sur le plancher quand la poêle aura lamentablement manqué de rattraper son trapéziste en vol :
« Laisse tomber, je ne joue plus.
- Mais pourquoi ? » rétorqua Pillupou avec indignation.
« Parce que je ne partage pas le même terrain de jeu qu’un puceau. »

L’épuisement ne gagnait pas tant les deux guerriers que l’avidité de leurs impulsions frénétiques. Etaient-elles vouées au jeu ou aux femmes, répondre à cette question devenait le jeu véritable, puisque, d’eux deux, Vivardy était le seul à faire jouer les jouer mécaniques rénales, à aller et venir entre le champ et le village, l’air libre et la maison close…

« Encore de retour ? » marmonna Pillupou avec légère aigreur, alors que Vivardy le rejoignait à son poste de tir, au fond d’une tranchée crasseuse. « Ca fait bien plaisir. Quoique du plaisir, tu dois en récolter plus que moi…
- Sois pas bougon ! Je suis en train de te prouver qu’on a toujours le temps de se passer un baume de massage quand on a envie !
- Arrête de parler de massage… » Pillupou ajouta :
« Et combien de temps comptes-tu encore avoir ? J’imagine que tu as autant de chance de te tuer à la tâche qu’à te crotter dans ce trou, mais la prochaine offensive est pour demain, et…
- Encore à sermonner. Je te parie que je m’enverrais encore en l’air même refroidi ! »
Son compagnon ne voulût pas contester cette nouvelle lubie loufoque : il savait que s’agissant de s’envoyer en l’air ou non, Vivardy volerait toujours plus haut que lui. La seule chose que Pillupou pouvait parier à ce sujet était de se refroidir en s’envoyant en l’air sur une mine.
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