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 Le Drouenne ruminant qui contemplait un andrillien dévot qui contemplait un sac de patates : définition d’un héros - Partie 2

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AuteurMessage
Aklatan
Capitaine des Plaines
Aklatan


Messages : 483
Date d'inscription : 04/07/2008
Age : 111
Localisation : Collines de Sous-Voûte-Chêne, la maison à côté de la cascade, où un gnome taille parfois des pierres.

Le Drouenne ruminant qui contemplait un andrillien dévot qui contemplait un sac de patates : définition d’un héros   - Partie 2 Empty
MessageSujet: Le Drouenne ruminant qui contemplait un andrillien dévot qui contemplait un sac de patates : définition d’un héros - Partie 2   Le Drouenne ruminant qui contemplait un andrillien dévot qui contemplait un sac de patates : définition d’un héros   - Partie 2 Icon_minitimeSam 9 Oct - 8:08

Atelier des poudres de la Brousse méridionale – Sollilance frère et compagnie : 14e deo, 5 por.

« Hahaha ! Notre première arquebuse, gars ! Regarde un peu !
- Avec un gros canon ! Reste plus qu’à graver mon nom dessus !
- Ils s’arracheront à combien ton gros canon ? Quatre cent ? Six cent ?
- Plutôt quatre cent fois six cent ! Hahahahaha…
- Chaque chose en son temps, il nous faudrait la tester sur quelque chose, parce qu’on sait déjà que ça fait boum !
- Il faut des supports contrôlés qui pèsent cinquante livres, il faudrait qu’on en achète…
- Naaaa, réfléchis un peu, qui achètera cette arquebuse ?
- Ben… Des types comme nous !
- Et tu crois vraiment que des types comme nous vont acheter cette merveille pour tirer sur des supports froids et immobiles ? Attends, je te fais le portrait : « Ouh ! Je suis arrivé sur une banquise vaste et silencieuse, prend ça l’iceberg, prend ça ! »
- Héhé ! Il en ferait se bidonner les ours des glaces !
- J’ai qu’à l’essayer sur moi, c’est à ça que ça va servir ! Regarde ça, cible tendre et mouvante, qui soulève cent cinquante livres de support sur lui ! Tiens, prend l’arquebuse, et vise bien !
- Ca va être grandiose, hihihi ! Tiens-toi prêt…
- Joue pas à ça, je suis déjà prêt ! Allez, qu’est-ce que t’att… SBAMaaaaaah !
- Je t’ai touché !
- Hahahargh, bien visé… mmmff, vi… vilain chasseur ! Vas-y, vas-y, encore, arrh… t’arrête pas !
- Je vise ce qui reste de jambe ?
- C’est… C’est un test ! Hésite pas, et si tu te fais l’autre jambe, on… on pourra dire qu’elle est équilibrée, c’est un plus !
SBAM ! »

Et ainsi de suite. Autant dire tout de suite que Sollilance s’est plus vite préoccupé de la santé physique de son frère que de sa santé mentale, cela explique bien des choses.
Le pauvre Sollilance traînait donc son chagrin et son traumatisme tous les jours, en se levant, en mangeant, en marchant, en courant, en se rendant à la morgue du comté pour voir défiler des cadavres, des dépouilles, des bouts de corps, ou des pourritures, et même des morceaux sanglants, évidemment aussi des entrailles entassées, pourquoi pas des restes putréfiés, et entre autre son frère, qui, en dépit des mesures de conservation, ressemblait un peu à tout ça à la fois.

Mais un jour l’andrillien fût confronté à une étonnante surprise, en s’approchant de la porte, dont l’envie d’en lécher le paillasson tenait une prise sauvage sur lui : il y avait quelque chose sur ce même paillasson, et c’était un sac de patates. A force de reniflements, d’observation, puis de contemplation de l’étrange bestiau qui avait pris place sur le pas de sa porte souvent visité, il s’éprit profondément du sac de patates. Ainsi, avec une ferveur saugrenue mais non moins dévouée, l’andrillien revenait chaque matin, très attiré par ce pas de porte, pour venir honorer le sac de patates, auquel il vouait désormais un culte passionné.

Sur le chemin du retour, toujours cette même route qui reliait la morgue au cœur du comté à sa maison biscornue près des bois, qui se jumelait par quatre fois de façon intimidante, pour abriter au-delà de chaque mur des lutins maussades, une famille de grands méchants écureuils, une ruche de boue au toit en frêne…

Et il devait parfois traverser longer la rue où se prenait place le marché, juste avant de quitter les lisières du comté, et dans ce marché il lui arrivait de passer devant les étalages du boucher – toujours à la même place, à gauche de la tour-en-coin du guérisseur Chinpaderlu, juste à côté du vendeur de gousses d’ail, de bols cassés, de caleçons, et autres objets inutiles – où il pouvait voir se succéder des cervelles ou des têtes entières de bovins – ou parfois de grenouilles, selon le goût des gens, mais on ne vend que des têtes alors – des cœurs, des tripes ou des poumons, des cuisseaux, des hanches, rarement plus des côtes que des vessies et des foies…
Vînt un moment où Sollilance s’arrêta devant le présentoir, face à toutes ces entrailles rougeâtres qui s’alignaient entre planches et glaçons, et le boucher tout souriant pour les surplomber. Ce fût à lui qu’il s’adressa, morose et pantelant qu’il était :
« Pourquoi montrez-vous toute la carcasse démantelée d’animaux aux passants ?
- Et bien, c’est de la viande. A vendre. C’est pour que les gens puissent choisir quoi manger s’ils veulent acheter de la bonne barbaque. Oui monsieur, de la très bonne viande tirée des parties les plus tendres et les plus savoureuses, des morceaux de choix, allez allez, qu’est-ce que je vous met, peut-être une livre de côtelettes, avec de la cervelle emballée, on y va c’est…
- Il vous arrive de prendre l’animal. De le couper. De lui arracher la tête. De lui décrocher les membres. De lui ouvrir le bide. D’enlever toutes les tripes et les organes sanglants de la bête. De les découper encore. D’écraser son crâne, de lui extirper le cœur, de lui taillader les reins, de lui déchirer le dos, de suspendre ses yeux arrachés, ses oreilles tranchées, ses épaules ébréchées, ses jambes mutilées, son pénis…
- C’est assez de musique pour le moment !
- Quelle musique ?
- En fait, je ne traite pas tout ce que vous avez devant vous, car certains apprentis ou des collègues le font à ma place, mais c’est une bonne chose que de tout utiliser dans l’animal, aucune perte, que du bon !
- Vous lui hachez aussi la bite ?
- Ah non, ça c’est mal ! Un peu de compassion, tout de même…
- C’est mal…
- Oui, c’est mal…
- C’est mal, c’est mal… Et donc, la vache n’est pas sujet à compassion ? »

Depuis que Sollilance ruminait son passé, ses actes, ses paroles, ses pensées, Sollilance avait eu le temps de devenir Sollilance, et cela remontait à bien plus de neuf années, aussi il rumina encore en rentrant dans sa maison jumelée : « C’est mal, c’est mal, mal… »
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