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 La plus drôle histoire qu'on nous ait contée

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AuteurMessage
Aklatan
Capitaine des Plaines
Aklatan


Messages : 483
Date d'inscription : 04/07/2008
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Localisation : Collines de Sous-Voûte-Chêne, la maison à côté de la cascade, où un gnome taille parfois des pierres.

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MessageSujet: La plus drôle histoire qu'on nous ait contée   La plus drôle histoire qu'on nous ait contée Icon_minitimeJeu 12 Aoû - 15:37

A qui demande : « Comment savoir si l’on rêve ou si l’on est réveillé ? », beaucoup mordent à l’engouement pour la métaphysique et répondent par la relance : « Qui s’en soucie ? ». Concrètement, la troisième réponse serait de dire qu’en effet, c’est une angoisse pour certains… Et bien , ces « certains » n’ont qu’à boire un bon verre de chouchenn, histoire de se rendre compte du goût de la vie quand le sang afflue du haut vers le bas – et si le monde tourne correctement, la tête vous tournera, puis vous retomberez sur vos pieds, que sais-je, seulement que c’est pas mal foutu ce bordel – juste avant d’aller se coucher, et vos foulerez le plancher de rêves aimables qui vous feront répondre « qui s’en soucie ? Pas moi » à chacune des questions subliminales du lutin narquois qui hante vos neurones. J’ai testé pour vous juste avant de m’asseoir devant ce parchemin.

Le fait est qu’il y a des petits malins pour botter le cul des philosophes et des physiciens lugubres qui pensent des formules logiques bardées de chiffres amorphes et saugrenus qui s’enroulent autour d’un tabouret bancal, rien qu’en restant abasourdi devant la cire dégoulinante de leur bâton de bougie qui éclaire leur yeux mornes et cernés tandis qu’ils se grattent nonchalamment le crâne du bout de leur plume paresseuse. Et ces gens là méritent tous nos applaudissements ! Il n’y a ni gratitude ni congratulation là dedans, mais c’est exactement comme de voir une sauterelle se saisir d’une provision de la provision d’abricots d’une colonie de fourmis acharnées et misérables, recevoir sur la tronche une énorme abricot pourri tomber de son arbre. C’est un sourire ou un clin d’œil, un remous des tripes, et ça fait sortir les mains de ses poches pour un instant de notre vie, qui suit l’équateur de l’abricot qui mûrit doucement sans oublier de caresser gouffres profonds et monts sans fin dans leurs moindres strie et saillies… Et qui sait comme la chair de l’abricot est douce, on en ferait un brugnon délicieux sur l’autel de la création, mes amis !

Et parmi ces petits malins, il y en a qui demandent « comment savoir si l’on est mort ou vivant ? » et encore d’autres petits malins répondent avec un entrain sans faille : « Qui s’en soucie ! » Et bien ces petits mains sont les plus grands ! Et pourtant les moins connus. Tant mieux, d’ailleurs ils ne s’en plaignent pas le moins du monde, car à ce titre, il est sûr qu’on en ferait les rois du monde ; dont il faut savoir qu’ils ne font pas tout ce qu’ils veulent. Ils font tout ce qu’ils gueulent, assurément, ainsi donc je vous prie de prendre à témoin notre bon ami Gaussu (« Point-le-duc, s’il vous plaît », nous sermonne-t-il, « Gaussu Point-le-duc »), qui, un jour, s’est pendu.

Gaussu était un type qui vivait, bel et bien, autant dire qu’il vivait bien, puisqu’il ne vivait pas mal. Qui se soucie de vivre mal quand on vit bien ? Il était à peu près de cet avis, bien qu’il n’ait aucune réponse à cette question, car il ne se la posait pas vraiment, plutôt aller chier dans un turban (« Point-le-duc, s’il vous plaît »).
En bref, ce type était sans doute le type le plus heureux du monde, autant que se doit de l’être la pousse vigoureuse dont la vie brûle en elle-même, et diffuse la puissance de sa nature dans les sillons de son corps : toute racine, patte, aile, mains et pieds qui marchent et titubent sur le fil hasardeux de l’existence… Hihihi !
Il n’en était pas sot pour autant, car qui joue au jeu de l’insouciance sans raison ni état d’âme en toute circonstance ne récolte que des cendres… Non, si, comme pour beaucoup d’êtres comme lui, il ne lui était pas accordé de contourner une avalanche déferlante, il retroussait ses manches (déferlantes, yes sir !) faisait face au sanglier déchaîné qui lui fonçait dessus, et encaissant la percussion, il se contenterait d’accomplir une digne besogne de chasseur pour égayer son festin, si ce n’est pas pour câliner le petite bête… et s’il n’encaissait pas, qui s’en soucie ? Sûrement pas lui, en tous cas, sûrement plus !

Ainsi le cher Gaussu était fort heureux, toute sa tête, toutes ses tripes et toutes ses dents, voilà une belle chance, pour laquelle il e pouvait qu’avoir le sourire facile, lui eût-il manqué une jambe, il ne serait esclaffé que davantage ; car on ne se prive pas de jouer deux rengaines sur un luth lorsqu’on a au moins une corde, fût-elle plus fragile. Etait-il jeune, moins jeune, vieux, plus vieux, on ne sait pus, qu’est-ce que ça change ? Le Gaussu s’est pendu. Doit-on lui en demander la raison ? S’il faut demander la raison de leur suicide aux pendus, c’est qu’un certain trouble frappe à la porte de chacun, et ce sera certainement pour constater que finalement, il n’ya pas grande raison pour se pendre, dans tous les cas, et c’est ce que proclame le Gaussu (« Point-le-duc, s’il vous plaît. »), qui nous dit d’ailleurs qu’il n’avait pas tellemnt de raisons pour se pendre, s’il y en vraiment d’ordre existentiel, général, indubitable et universel, alors c’est qu’il doit avoir le mêmes raisons que les autres. Mais pourquoi nous dit-il cela et comment ? Qui s’en soucie ? Puisqu’on le croit mort. Mais Gaussu n’est pas mort. Du moins, personne n’en est sûr ; ce qui l’est, c’est que Gaussu l’est encore moins que le reste du monde.

Ce fût donc il y a environ deux-cent soixante-dix ans, sur la branche d’un bien beau chêne trois fois millénaire, au bord du chemin menant vers le charmant village de Chälgnevik, dans les Hautes-Plaines, que Gaussu (« Point-le-duc, s’il vous plaît. ») se pendit ; mais depuis le temps, il ne se porte pas plus mal pour autant.
Il ignore si la mort l’a pris ou non ; lorsqu’il tente de répondre à cette question aux passants du chemin, ceux-ci lui prodiguent bon espoir par bon présage « Ca viendra ! », d’autre part, si c’est le cas et qu’il se croit mort – car cela lui prend parfois – il donne son opinion aux craintifs du rêve ou de l’éveil, de la vie ou de la mort, en déclarant : « Ce n’est pas désagréable, ni si terrible qu’on peut le dire, oh non c’est même fort convenable et sympathique. »

Et même pour un vieux de la vieille comme Gaussu (« Point-le-duc, s’il vous plaît, voyons ! »), qui a vu l’éveil, la transe, la légèreté et le sommeil, la douce vie, la vie dure, la mort et la santé, et tout ça en même temps, il ne peut toujours pas affirmer certainement s’il est mort ou vivant, dans n’importe quelle situation… « Tout suit son cours, vous savez, aussi sûrement que l’eau glisse sur le toboggan des boyaux avant de rejoindre la rivière, jusqu’à la prochaine gourde qui coucherait dans son lit ! » Même lorsqu’on lui demande une nouvelle fois ce que « diable il peut bien foutre à sourire la corde au cou au milieu de la cambrousse comme un demeuré ? »
Demeuré simplement, il ne l’était pas, mais pour sûr, il était demeuré tout simplement intact, pendu sereinement à son arbre, et peu soucieux de vivre ou de mourir, il était pour lui intéressant de passer du plat au dessert, alors il verrait si oui ou non on lui proposerait un digestif, dans tous les cas, cela suit son cours, et c’est pas si mal. Gaussu Point-le Duc souhaite une bonne journée à ceux qui le rencontrent sur le chemin, et les rassure en leur avouant qu’il n’a pas besoin de médecin, et qu’après tout, il n’a jamais beaucoup aimé cela.

Allez donc vous promener sur le chemin de clairière, à l’entrée des champs qui bordent le village de Chälgnevik, et vous verrez ce cher Gaussu (« Point-le-duc, tout de même ! ») pendu au gros chêne ; d’ailleurs si vous venez à lui serrer la main vous vous rendrez compte que son accueil est aussi chaleureux que son pouls tranquille, qui fait ses joues roses.

Il faut le dire, Gaussu est un bon vivant.
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