Prière à l'horloge

Aklatan trépignait sur sa chaise, cognant les murs de la prison mentale que le dogme avait bâtie pour le contraindre à ne pas s'élancer vers la porte de sortie (au pied de laquelle un piège arcanique se déclenchait à chaque tentative d'évasion) ni de se jeter par la fenêtre. Loin au dessus de sa tête, sur son trône, dominait l'assemblée leur guide à tous : le maître du temps.

Fini, c'est fini, ça va finir, ça va peut-être finir...
J'appelle à moi l'avenir de la peine, concentre-toi... Mais qu'il vienne, plus vite que ça!
Cela va-t-il bientôt finir?
Je te supplie, je t'implore,
Combien de nuits, d'heures encore?
Le froid envahit mes os
Si mon blé se fauche, ma tête raidit de gel,
Je fléchis sous le sommeil, ne voyant pas le soleil...
Si mon coeur chevauche, s'apprête à battre des ailes,
Comme un sonneur sans son cor, je souffle et respire encore...
Toi le roi des animaux, prend place au sommet du temple,
Bénis-moi, je te contemple, exauce-moi, c'en est trop!
Et garde-moi dans tes murs ; aux limbes, je n'en ai cure !
Ou lâche-moi dans le gouffre
Que plus longtemps je n'en souffre !

Toi fermier nommé le temps,
Ouvre l'enclos à présent

A tes pieds, agonisant,
Sauve-moi d'une parole,
Ou bien vide enfin mon sang
Ou que mon esprit s'envole !
Tout me brûle lentement !
Car ton silence m'immole !

Ce n'est pas
Le sentier à son bout menaçant la fin du patriarche,
Mais c'est là
L'agonie de la roue qui t'ordonne "Lève-toi et marche"

Toi fermier nommé le temps,
Ouvre l'enclos à présent
Faire trôner ici-haut
Toi le roi des animaux :
Que ton coq chante le jour...
Et ne suspend point ton cours !