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 Fragment du rêve 17 - Kolasé kai ourania (Enfer et paradis)

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AuteurMessage
Aklatan
Capitaine des Plaines
Aklatan


Messages : 483
Date d'inscription : 04/07/2008
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Localisation : Collines de Sous-Voûte-Chêne, la maison à côté de la cascade, où un gnome taille parfois des pierres.

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MessageSujet: Fragment du rêve 17 - Kolasé kai ourania (Enfer et paradis)   Fragment du rêve 17 - Kolasé kai ourania (Enfer et paradis) Icon_minitimeLun 2 Juil - 9:44

Je me sens tordre, m’étirant, me rentrant ; on m’écartèle… on m’écrase. Je me sens rompre ; ô que je me sens. On laboure le suc de mon intestin, on flétrit d’un soc les pétales de son étoffe… on en brasse une bouillie palpitante, on le presse en purée, je me sens qui barbote et qui hurle. Je me sens perdre les sangs, on me pince, on me pompe, on en vide chaque membre, je sens mes fluides résorber depuis mes extrémités, je sens mes tissus gonfler, et mes cellules exploser… Mes os osent s’estoquer, mes jointures coercissent, se rétractent, elles se brisent ; et mes côtes se combattent, se concassent en pénétrant… leurs piques percent la chair. Je ploie de ma dissolution ; je sens ma bâtisse abattre, la voûte s’écrouler dans mon dos, chaque arête détacher chaque nerf. Et ses piliers s’émietter, et le plafond bouleverser, et les parois et les murs, fondus dans le mielleux fiel d’un long magma néantique se laissent dissoudre un soufre, et s’absorber dans son souffle ; je me sens perdre les sens.
Je sens ma rate écorcher, mon estomac s’écarter, jusqu’à l’ouvrir en un trou, mon bassin se dévisser, et renfoncer d’un seul clou ; respirer tonne et matraque plus fort – encore plus fort ! – dans mes épaules, dedans mes reins, des braseros de poison me moudre et me consumer, et brûler-çà ma matière, jusques à heurter l’écorce sèche de ma carcasse, puis repus, se vider et déverser par les cryptes de mon transit : tendu, crispé, comprimé, tout lui échappe et tout glisse, et je le sens taillader d’épieux, de scies et seringues, d’un bouillon lavique acide.
Tous mes tissus se replient, mes artères, aplaties, mes organes, strangulés, tout étouffe et tout suffoque ; et tous mes angles s’exaltent d’un massacre qui s’enfonce, j’exulte, crisse, et je crie, de mal, de peur, de sentir… De sentir encore ma poitrine palpiter, et mon soufflet marteler d’un pilon inabattable, qui frappe, qui roue, qui blesse… et qui ose remuer chaque étoffe, chaque entraille douloureuse, et malmenée à l’excès, qui secoue son infection à frissons, qui soupire et meurt d’angoisse après reposer son reste. Je sens le coffre trop lourd, de coups, de ployer de plaies ; il point, il gronde, il assomme… il rappelle à la folie. Car dedans je sens la bête. C’est la bête qui dévore.

***

I.
Le rideau est tombé, mais je ne sens pas la nuit ; elle s’enfuit autour de moi. Les humeurs, dispersées ; la matière, dissoute. Le trouble est parti. Le silence s’étend ; il n’y a plus de bruit. Face à moi, le vide… et des fantômes. Rien ne se voit, rien ne se touche ni s’inspire ; rien ne se sent, et je n’existe plus. J’y consens.

II.

C’est une rose. Comment ? Ai-je ouvert les yeux ? Je l’ignore, je me sens regarder cette rose depuis longtemps déjà, mais il me semble que c’est le premier instant que je la vois. Mes jolis doigts en caressent doucement les pétales, et mes yeux en éveil, un buisson de rosier, niché dans l’ombre d’un saule. Mes pieds sont nus, mes ongles lisses ; je me sens palper une herbe duveteuse et tendre… Mes bras aussi, blancs et unis, ma peau est ferme et mes mains agiles ; au toucher du tronc, je me sens diffuser par l’écorce un flux ravissant, qui circule dans mes membres, joint le sol par mes pieds, et me scelle à la terre. Comme je me sens !
Marchant le long des buissons de roses, entre les rayons qu’insinue la lumière au travers des feuillages, j’entends bourdonner au loin. Ouvrant le rideau dont l’arbre s’abrite, j’aperçois l’horizon bleu, et s’étendre jusqu’à lui un grand jardin de vallées, rebondi de collines et parsemé de bois. Ce sont des chemins de haies buissonneuses et des parterres de fleurs, et l’on peut voir les nuages de lait miroiter au ciel sur le cours des ruisseaux.
Un nouveau souffle émergea de la campagne, qui gonfla mes vêtements à son passage, et je me sentis resplendir d’énergie généreuse et des caresses du vent. Ô comme je me sens.
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