Aklatan Capitaine des Plaines
Messages : 483 Date d'inscription : 04/07/2008 Age : 111 Localisation : Collines de Sous-Voûte-Chêne, la maison à côté de la cascade, où un gnome taille parfois des pierres.
| Sujet: Un matin de Kaereldril Dim 29 Avr - 10:30 | |
| Mes chers compagnons, je veux recueillir Vos lettres un dimanche matin. Tout juste après l’aube, quand chante la chouette Les derniers murmures de la nuit fraîche encore. J’irais les trouver au creux de la boîte, Pour les rapporter entre mes bras trépidants Au bercement du vent matinal qui courbe leurs plis. Et dans la petite maison toutes voiles ouvertes, Sans âme qui meuve, que la lumière et l’air du printemps, Je monterais l’étroit escalier en colimaçon Jusqu’au pallier de ma chambre, Pour les déposer sur la table de bois Tout contre la fenêtre, toile grande aperte. Je m’en reviendrais après un instant, Une pomme en main, Dont le rouge chatoyant Ferait étincelle au regard des arbres bruissant au vent Et s’agitant de tout l’éclat vernis de leur verdure nouvelle : L’herbe d’une colline dans un buisson de basilic ; Et là-haut, là-bas, partout, le ciel, d’un bleu que l’on respire Pour se guérir de tout, adouci d’une poudre si finement zébrée… Alors, laissant mes cheveux chatouiller mon visage En s’ébattant de la visite de ce souffle que parsème la prairie, Je lirais vos tracés, chaque phrase, chaque virgule et chaque image, Je rirais de vos humeurs, de vos tons, de vos idées, Je goûterais votre voix, et je craindrais vos masques, J’admirerais vos tours, et jouerais avec vous… Je me demanderais Où ira la charrette qui nul n’a aperçue, Qui osera marcher jusqu’au château des bois, Comment tromper les ogres Dont de nos stratagèmes nous ont mis en demeure, Qui marchande, qui sauve, qui badine et qui raille Soit dans notre équipage, ou bien tout un village ? Alors je signerais à mon tour De cette main complice, et d’énigme en extase, Et dès lors les oiseaux pourront sonner midi. J’irais en chemin, à travers les bois Pour vous apporter ma part de courrier, Ainsi que l’histoire se pourrait écrire. Et m’en retournant, je voudrais attendre, Et laisser rêver, jusqu’au lendemain. Rien que pour recueillir Vos lettres un dimanche matin, Et que l’heure du jour devienne Kaereldril.
| |
|