Farcesque

Si la vie doit être rie,
Qu’elle soit lors une farce :
Un braillard au pilori
Bâillonné par ses comparses,
Une ode sainte à la foi
Ebranlée sur un tambour,
Une ballade d’amour
Entonné d’un air grivois,
Le médecin aux assises
Accusant le magistrat,
Plaidant qu’on lui dérobât
Son remède à la bêtise,
Le gueux gaussant son gousset
D’y flairer rôti sans broche,
Et le prince à son banquet,
D’y trouver merde sous cloche !
Que le fermier sans moisson
Danse en attendant la pluie,
Et l’ivrogne inassouvi
Pisse vinasse à foison !

Qu’on l’amène, qu’on l’amène,
L’auteur de si bonne fable,
De cette bouffonnerie,
Car la cour en rit d’envie !
Prenne place sur la scène,
Et les nôtres à la table,
Qu’il y jongle de la vie
Et nous en jette les fruits !
Et si elle se doit brève,
Que la fête écourte tôt,
Au moins soit-elle sans trêve
Avant de trouver repos !