Les Troubadours des Plaines
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 L'outre ou le muid - 1/4

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AuteurMessage
Aklatan
Capitaine des Plaines
Aklatan


Messages : 483
Date d'inscription : 04/07/2008
Age : 111
Localisation : Collines de Sous-Voûte-Chêne, la maison à côté de la cascade, où un gnome taille parfois des pierres.

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MessageSujet: L'outre ou le muid - 1/4   L'outre ou le muid - 1/4 Icon_minitimeMar 23 Aoû - 16:47

Le vaurien, le badaud, le penaud, le mendiant, le mécréant, le bougre, le sot de Troubadour écumait ses derniers souvenirs, qui fondaient sur lui comme autant de vagues furieuses, sur un sombre océan où virer en tous sens demeurer vain à échapper aux lames déferlantes.
Des relents de mémoire jaillissaient brutalement dans le théâtre de sa vision, le projetant de nouvelles fois encore dans la sphère des événements de la nuit. Il voyait se réitérer autour de lui les ombres extatiques qui voulaient perdurer à jamais dans son esprit, l’invitant à revivre chaque instant de la soirée qu’il avait passée… Ainsi sur le flanc d’une verte colline au crépuscule, il sillonnait à nouveau la foule grouillante qui parsemait les lieux, allant d’ateliers à terriers, renfoncements creusés maladroitement en travers de la pente, pour accueillir toutes sortes de quincailleries, et leurs maîtres patibulaires ; un virage précipité dans ce taudis perdu, et voici que s’offraient à lui les silhouettes grossières de gibiers rôtis, tournant autour d’énormes broches, qui discutaient de principes philosophiques d’un voix grave et sereine. D’autre part des tables nombreuses où s’étalaient des couverts, des bouteilles, d’innombrables fioles et récipients de mesure de toute tailles, en révélant des mixtures invraisemblables soit par leur couleur, leur odeur, leur robe, leur émulsion, ou encore leur comportement, car une bonne poignée d’entre eux s’évertuait à se bagarrer, se frapper du goulot, du tube, du corps, se cabosser, se fissurer, tintant, criant, crissant, brisant dans un tumulte de verre et de bois, où tous les mélanges semblaient prêt d’exploser au moindre remuement. Il ressassait devant lui l’image d’un être géant, dont le cou s’allongeait à sa guise en promenant son visage court aux énormes yeux jusqu’à son ventre, et tout autour de son torse oblong et frêle ; celui-ci le toisait avec malice en lui murmurant : « Je t’avais bien dit que tu t’amuserais ! », tandis qu’une fiole d’un breuvage pourpre comme peuvent l’être les ciels de sombres matins s’inclinait vers sa bouche, l’en laissant avaler tout le contenu, jusqu’à l’assécher…

Soudain le cauchemar effréné prit fin, et tout redevint calme. La tempête s’était apaisée, et une douce lumière semblait poindre à l’angle de sa vision, après que le noir zébré d’éclairs de souvenirs se fût éteint. Il y avait l’étang, toujours calme et clair, où reposait encore une barque en son milieu, sous le couvert de la clairière qu’il aimait à visiter en cette saison. Il se tenait au bord de l’eau, et dans les remous, il pouvait voir son misérable reflet. Alors il tomba à genoux, et piocha l’eau entre ses mains avec frénésie, torturé par la soif. Mais chaque tentative pour y boire demeurait vaine : l’eau ainsi soulevée dans ses paumes ruisselait et s’évadait irrémédiablement avant même qu’il ne puisse la porter à sa bouche. Lorsqu’il essaya d’immerger son visage dans l’eau, le liquide fuyait à son contact. Désemparé de désespoir, il fût cependant intrigué par le son d’une voix qui s’élevait de l’étang.

« … si c’est anguleux, ce n’est pas râpeux. Si c’est entêtant, ce n’est pas méchant. Mais si le convexe exerçant son axe vexe à l’excès, c’est que c’est mauvais ! Il faut tout recommencer.
- Oh, je t’en dirais bien autant de ces fichues cargotelles qui dépeignent le ciré du haut-bon. Ou du bas-vilain. Il faut reprendre ce qui n’a jamais été fait, et repriser ce qui sera dérobé quart-de-braie le second devant prime. Sales peintes-moulues ! Bigres turebusques !
- Non pas que la fièvre nous infeste, mais je m’en irais bien demander où j’ai avalé mon grain de litou avant d’aller le chercher.
- Le chercher litouche ?
- Ma bonne dame, nous ne sommes pas ringroites.
- J’y songeais, justement, il s’en fallait de peu pour les voir disparaître.
- Quoi donc ?
- Je vois ce que tu veux médire.
- Et comment, ma choire ! Rien ne pouvoit soipçoinnoir quoil étoit l’emboirrois oi je moi troiveoi : à limper brinchouétte, on guve cabrouétte !
- Quel beau miroir ! Il faudrait les manger à inviter le thé un de ces jours, il faut voir… Mais mal sûr, il faut voir comme ils sont laids, comme un nuage dans une tasse, le tonnerre au sabord, la goélette en bouteille !
- Tu as tellement raison, penserais-tu… Mais si tu arêtes l’angle au sommet en touillant, tu devras encore chercher.
- Alors tu trouves ce que je cherche, et ju cherche ce que te trouve… »
Sur la barque où il avait l’habitude de s’avachir pour pêcher en paix, deux femmes à l’aspect désopilant se faisaient face : en vieilles robes et dentelles trouées, une ombrelle décharnée était dressées entre elles ; sur leur nez, des lunettes stroboscopiques pour l’une, et d’énormes verres demi-lune de vitrail fissurés en mosaïque pour l’autre, à leurs chapeaux, une petite lanterne pendante de front.
Aklatan y prêta malgré tout moins d’attention qu’elles à lui, se contentant naïvement de renouveler de vaines tentatives pour s’abreuver dans l’eau, qui fuyait encore vicieusement la bouche de l’ingénu.
« Regardez-moi donc cet petit assoiffé. Il fait poir à veur : sa bouche est aussi ésseoire qu’une patanche ! » marmonna la première dame en observant Aklatan sur la rive.
« Croyez-vous qu’il le mérite ? Les titinaillons sont les premiers à sauvager mais les moindres à racheter ! » renchérit l’autre.
-« Allons, ma choire, aucun a dreut à quoilque favoir, si ce n’est une four par jois, aloirs ce seroit poir an ou poir vie !
- Lors baille, ma chère, baille ! Quelque chose qui soit n’est non moins pis pas râpeux ! Ni anguleux !
- Je boille, je boille, ce n’est pois méchant, mois entêtant… »
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