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 Fragment du rêve 10 - Falsum

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AuteurMessage
Aklatan
Capitaine des Plaines
Aklatan


Messages : 483
Date d'inscription : 04/07/2008
Age : 111
Localisation : Collines de Sous-Voûte-Chêne, la maison à côté de la cascade, où un gnome taille parfois des pierres.

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MessageSujet: Fragment du rêve 10 - Falsum   Fragment du rêve 10 - Falsum Icon_minitimeMer 27 Oct - 11:27

Chaque coup redoublait de violence.
Aussi brusque que soit le bâton s’enfonçant dans la terre, elle le renforce, et accroît autant sa fermeté que la main qui le dirige. Le tronc perçait la terre pour mûrir et s’élever, et gagnait en vigueur…
Mais quand le bois fond sur la terre, imprègne les entrailles, il creuse les viscères au travers du poitrail, son écorce s’émousse, elle s’effrite et se pèle, puis elle se démantèle ; comme la peau sur les os, en ennemis cléments, frères compatissants, qui en se confrontant partagent l’agonie… Sa chair était à vif.
Comme le bâton foulant la terre en un son mat et rassurant, le bois frappe la chair en un cri flasque et frissonnant.

« Qu’a-t-il fait, celui-là ? » demanda l’arrivant. Le maître au bâton fouetta de plus belle le corps qu’il flétrissait :
« Ce sauvage n’a ni parole ni vertu. »
Un coup.
« Il ose me présenter des fruits à la figure au lieu de me saluer. »
Des coups.
« Et il garde le silence quand je l’interroge ! Réponds-moi, moribond ! As-tu une âme ? »
Les murmures désorientés du malheureux se noyaient dans un râle profond. Quand chacune de ses inspirations se faisait plus courte, chaque geste de son bourreau s’élargissait.

L’arrivant contemplait la scène, impassible, et demanda :
« Cette substance qui fait nos passions ? Ne mesures-tu pas les siennes à sa douleur ?
- La passion de la douleur en entraînerait une autre qui mettrait fin à ce qu’il subit. Si ce n’est pas le cas, alors qu’éprouve-t-il, s’il n’est pas comme nous ? L’âme que je veux y voir aurait dû se manifester il y a déjà longtemps, pour le conduire à la parole ! Mais regarde-le ! »
Encore des coups.
« Si nous avons une âme, prends-tu ta passion pour de la haine ? »
Le maître au bâton s’arrêta pour dévisager l’arrivant, le bâton levé bien haut au-dessus de sa tête.
« Quelle réponse me ferait mentir ? Prendre la passion pour de la haine ou la haine pour une passion, cela m’est égal, puisque tant que je hais… j’ai une âme ! » Il acheva cette parole en vociférant sauvagement, puis se détournant sur le corps meurtri, il y fit retomber le bâton avec toute la force de ses mots.

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Aklatan
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MessageSujet: Re: Fragment du rêve 10 - Falsum   Fragment du rêve 10 - Falsum Icon_minitimeSam 6 Nov - 17:13

Des visages, des visages, tant de visages, et d’autres visages. C’était des visages qu’il regardait, tout autour de lui, tout autour du monde. Le sien n’était pas beau comme les leurs.
Derrière ces visages, il y avait des êtres, et lui seul le savait. C’était pourquoi il errait seul, à la recherche de l’être au plus beau visage, ou plutôt du visage au plus bel être : c’était un compagnon qui cherchait une compagne.
Et plus il errait, plus les visages changeaient : ils se cachaient, et on ne pouvait plus voir l’être qui était derrière. Ils se cachaient derrière des rictus, et tout disparaissait. Alors il continuait de marcher, dans la brume soudaine de leur dissipation.
D’u bout à l’autre des mille contrées qu’il battit en silence, il voyait de nouveaux visages. Et lorsque les regards se pénétraient l’u l’autre, alors opérait cette métamorphose imperceptible. Le visage changeait d’apparence et se voilait, quand son regard venait à glisser sur les grâces qu’il commençait d’entrevoir à cette rencontre… Les yeux de l’autre s’étaient clos, avec la lueur d’extase qui attirait à voir resplendir, et l’ombre de l’être fuyait, comme sur le dos d’un chemin ouvert entre les airs.
Levant une main hasardeuse, il voulait saisir les brumes se dispersant. Elles se dispersaient. Et il se retrouvait seul.

Sur une longue route où nul ne venait à sa rencontre, il parlait avec elle, cette longue route qui, d’un pas à l’autre, lui présentait l’horizon au loin, lisse et pur… Comme un avenir toujours vide. Et plus elle s’allongeait, plus il la suivait… Tous deux le comprenaient.

Les visages se voyaient et se voilaient, jusqu’à ce qu’une lueur vienne scinder les brumes qui se perpétuaient. C’était son visage. Ce qu’il crut jusqu’à ce que l’être, échangeant quelques paroles ensemble, déclare : « Je suis comme toi. Mais je suis pire. »
Cet être était un compagnon. Il avait fait plus longue route encore, et porté un visage de beaucoup plus lourd, sur une plus grande distance que lui-même. Ils étaient compagnons.

La route se fit à deux. Deux visages solitaires, voyant plus de visages, qui ne regardaient plus.
Mais son compagnon essoufflé dut s’arrêter. Son horizon se troublait, et il n’entendait plus ses pas battre le chemin de sa quête. Alors il resta. Et lui poursuivit sa route, seul.

Un jour lui-même s’arrêta. Il y avait un visage. Et son regard se perdait dans le sien… sans se détourner. C’était une compagne, et elle l’avait regardé, et elle avait souri. Alors il su que ce visage n’appartenait pas à ce monde : il provenait de contrées lointaine à cette route, cet espace et cette vie ; il n’était venu que pour mettre fin à cette marche en seul.
C’est ainsi qu’ensemble, ils voulurent faire un pas… Mais ils s’arrêtèrent. L’ancien compagnon se tenait près d’eux sur la route. Trois visages se regardaient, seuls deux se pénétraient.
Le vieux compagnon parla :
« J’ai fait bien longue route, traînant un visage plus lourd que le tien, crois-en ma parole. Ton dos est encore droit, tes jambes encore fermes. Tu as encore bien des visages à rencontrer, tandis que celui-ci… Le vôtre, belle compagne » il se détourna vers le beau visage, « est le dernier que je verrai. »
La compagne regarda longtemps le vieux compagnon, et il y eut cette grâce superbe, cette lueur délicieuse qui ne brille que sur les regards ouverts, comme elle rayonna à sa rencontre. Puis son visage s’assombrit, son regard s’était perdu dans l’autre.
Le pas de la compagne se dirigea vers le vieux compagnon, et sans un regard, ils s’éloignèrent sur la route, dans la brume impénétrable.
Et lui retrouvait la route, où s’ouvrait l’horizon à l’infini. Les dernières paroles retentirent encore bien longtemps en son être, et le firent marcher longtemps encore, très longtemps, plus longtemps que le vieux compagnon n’avait jamais marché…

Et il marcha seul pour le reste de sa vie.
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