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 Histoire de la Citrouille Balafrée - La sorcière et le gredin

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AuteurMessage
Aklatan
Capitaine des Plaines
Aklatan


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Localisation : Collines de Sous-Voûte-Chêne, la maison à côté de la cascade, où un gnome taille parfois des pierres.

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MessageSujet: Histoire de la Citrouille Balafrée - La sorcière et le gredin   Histoire de la Citrouille Balafrée - La sorcière et le gredin Icon_minitimeVen 14 Mai - 16:20

Le monde se moque bien du monde. Partout il y en a, des engagés, des enragés, des fanatiques, des hystériques, des tapageurs, des emmerdeurs, des gros balourds, des troubadours… Partout il y a de ce monde ; c’est clair comme de l’eau de vie. C’est très clair.
Il y avait une sorcière. Cela ne choque personne, me direz-vous qu’il est même plus agréable d’être sorcière qu’un fanatique hystérique emmerdeur tapageur, et j’en passe… Tout ça à la fois. Vous vous en rendre compte. En attendant le simple fait de suspendre des ailes de corbeau à des crochets n’embarrasserait personne alentour, pour commencer…
« Mourir ? Cela doit faire trois centaines de lunes que je tiens le pari de ne pas y passer, et toi tu me parle de mourir ? Ha ! » S’exclama-t-elle en enfonçant une autre aile sur la rampe de crochets. Le fantôme restait muet et invisible à côté d’elle, comme à son habitude.
« Aller au trépas ? Ca fait presque quarante ans que je parie de ne pas mourir, et tu me parle du trépas. Haha ! »
En allant remuer les braises du feu dans l’âtre, un pleutre vagissant – de mot plus élégant, il n’y en pas tant – s’arque bouta à la fenêtre la plus proche en soulevant le volet, pour vomir sa monotone imprécation : « Tu finiras sur un bûcher, sorcière !
- Jamais tu ne m’y verras, merdeux ! » Hurla-t-elle en le chassant, comme de coutume. Alors que le couard était déjà loin, elle sortit la tête par l’ouverture, elle l’interpella, sarcastique :
« Clamser ? Ca fait trente-cinq balais volants que je te parie de ne pas clamser, et toi… »

Tandis que la sorcière suivait sa route, se moquant bien du monde, le pleutre réapparaissait. Entre les arbres de la clairière, c’était un visage déconfis et un œil menaçant qui surgissaient pour déblatérer : « Tu vas finir sur un bûcher, sorcière ! », avant de s’éclipser de la même façon. D’entre les moutons du berger, de derrière le clocher, à l’angle de la rue des commerces, sur le rocher du ruisseau, et même sous l’interstice de la porte fermée, on pouvait entendre : « Tu finiras sur un bûcher, sorcière ! »
Encore un hystérique fanatique, enragé tapageur de balourd… en fait, tout ce que vous voulez, que voilà un bel emmerdeur. Et la sorcière se moquait bien du monde. C’est pourquoi un jour que le bougre reparut, sans annoncer une nouvelle disposition, la sorcière répandît sur son visage le contenu de son bol de soupe à l’ail, qu’elle avait sous la main. Parce qu’on dérange encore moins quelqu’un chez soi et lorsqu’il est en train de manger. Et qu’on ne gâche pas la nourriture, mais il semblait l’avoir bien mérité, sur ce coup là. Quoi qu’il en soit, le corniaud mourût le lendemain. Son éventuelle et violente allergie à l’ail n’aurait pas été tant efficace qu’un traumatisme hystérique après un tel événement ; mais il est certain que les habitants de la bourgade ne laissèrent pas passer l’affaire, si bien que la sorcière ne pouvait pas échapper à son accusation de meurtre volontaire par sorcellerie démoniaque.
Elle fût condamné à être pendue, mais les juges durent modifier leur verdict pour obéir à la dernière volonté de l’assassiné, à savoir : « Elle finira sur un bûcher, cette sorcière ! »
La sorcière accepta son sort sans broncher ni en lancer un en retour –le pouvait-elle ? – mais seulement rétorquant qu’il leur faudrait accepter sa propre dernière volonté, pour que le procès soit équitable. Elle réclama à repousser la sentence jusqu’à la prochaine lune, en effet elle exprimait le besoin d’aller profiter de sa fortune personnelle en allant la récupérer chez sa sœur. Le village n’accepta alors la requête que par cupidité, car il en ordonnant à la sorcière de revenir seule au patelin et de dépenser sa fortune ici-même, il récupérerait aisément ses biens, soit dans le commerce au sein du village, soit en pillant la maison de la damnée.

La sorcière s’en alla donc chez sa sœur et en revînt comme prévu avec sa fortune. Au village, on l’observait d’autant plus que chacun se préparait à s’octroyer cette richesse, qu’elle ne tarderait pas à céder, d’une manière ou d’une autre, aux mains avides de son entourage indécent. De retour chez elle, elle déballa son butin, et s’apprêta à s’en délecter. Elle prépara inlassablement les cent livres d’ail et de haricots blancs qu’elle avait rapporté, et les dévora dans de la soupe. Elle en mangea, et en mangea, si bien qu’elle en mourût.
Le village se trouva de ce fait embarrassé. Leur figure attractive de victime à purifier avait déjoué la sentence, et surtout les habitants ne trouvèrent aucune richesse, pas même un reste d’ail ou de haricot. Personne ne semblait satisfait ; d’ailleurs la sœur de la sorcière tînt à prononcer sa volonté en tant que dernière demande de la victime. Ainsi, tandis que le parent désirait que le corps soit incinéré en bonne et due forme, le village voulait se rabattre sur l’image d’un martyr attachée à un bûcher embrasé. Comme cela n’importait à plus grand monde, et qu’il n’incombait à personne de ficeler un corps aussi lourd et flatulent pour le hisser sur des branchages, on mit le feu au cadavre sur un lit près d’un cimetière.

C’est à partir de ce moment que tout le monde crut aux foudres d’une malédiction, puisque le gros corps, tellement rempli de soupe aux haricots et à l’ail, se décomposait avec grande peine, en libérant des relents méphitiques d’une pestilence rare, presque chaotiques, la quintessence de l’insoutenable de la perversion olfactive à outrance, si l’on peut en parler avec plus ou moins de vraisemblance. Ces immondes effluves survécurent même à la disparition du corps de la sorcière, et habitent encore le village aujourd’hui ; le lit noirci de la crémation n’a jamais été déplacé non plus, ce qui laisse le monde s’interroger sur la présence prolongée de cette loufoque malédiction, cependant personne n’osa s’approcha à nouveau de ce lit, soit disant que « l’odeur était encore moins supportable de ce côté ». Il faut bien le dire, le monde se moque bien du monde, surtout ces gens là.

C’est ainsi que la sorcière gagna son pari, puisqu’elle ne finit jamais sa vie sur un bûcher, et trompa la fourberie du monde en se goinfrant tranquillement.

C’est depuis cette histoire que le village a pris le nom de Puirempeste, il paraît que certains l’appellent Capitale Govorienne, mais vous savez, partout il y a des rumeurs, des ragoteurs, des tapageurs, des emmerdeurs…
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