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 La Citrouille Balafrée - Conte de Naelgolomün

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AuteurMessage
Aklatan
Capitaine des Plaines
Aklatan


Messages : 483
Date d'inscription : 04/07/2008
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Localisation : Collines de Sous-Voûte-Chêne, la maison à côté de la cascade, où un gnome taille parfois des pierres.

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MessageSujet: La Citrouille Balafrée - Conte de Naelgolomün   La Citrouille Balafrée - Conte de Naelgolomün Icon_minitimeMar 29 Déc - 20:25

Une mélodie chantante s’envolait depuis le sapin de fête. Puis elle s’évanouissait, rendait son souffle, sans jamais revenir, emportée par le vent. D’autres s’éveillaient à sont tour, prenaient le chemin de la bise, et appelaient ses sœurs, pour s’éteindre en sifflant. Et celles qui leur répondaient par un nouvel hymne, suivaient la trace des disparues, et s’en allaient elles aussi, vers le venteux val sans retour, au mariage de l’air et du son, là où les feuilles dansent…

Les doigts de Banrad étaient prêts à geler, alors qu’ils offraient leur chaleur à la musique de la flûte qui séduisait son oreille depuis qu’il avait pris place au pied du sapin décoré, sur la colline. Les villageois rentraient chez eux pour festoyer paisiblement, et lever la coupe d’hydromel au Naelgolomün, qui apprivoisait la nouvelle lune, ce soir. Ces villageois ne s’étaient que très peu souciés du jeune fils de la boulangère, assis au pied de l’arbre sur lequel ils venaient déposer les derniers vœux ; certains admiraient le soupçon d’audace qui faisait de lui un vif jeune Dronaupe, d’autres observaient sa curiosité avec beaucoup de désapprobation.


Quoi que puissent penser la communauté qui l’entourait, Banrad était seul, cette nuit, et était bien décidé à toucher du doigt la magie qui lui rendrait visite dans peu de temps.
Il avait rangé sa belle flûte en bois, pour écouter la mélodie du vent à son tour, après que le vent lui-même ait accueilli ses airs. Le froid engourdissait son corps, malgré cela, emmitouflé dans un épais manteau à la fourrure tiède ; mais les ornements scintillants de l’arbre attisaient son ardeur, et pétrissaient son espoir.
Certes, Banrad était curieux, mais il se convainquait toujours de s’y laisser emporter en se répétant : « Mieux vaut être curieux qu’averti ». Et il y avait de quoi être faussement averti au village. C’est le vent, ou un vent plus que venteux mais divin, disaient les gens dans tout le pays ; plus intriguant encore, on supposait qu’un être étrange venait les cueillir, et disparaissait. Mais qu’importent ces légendes, c’était bien plus amusant de découvrir soi-même où allaient ces souhaits, formulés sur un minuscule morceau de parchemin.

La nuit reposait de plus en plus profondément au creux de la contrée, autant que l’arrière-train gelé de Banrad dans la neige de la colline. Et les souhaits étaient toujours suspendus au sapin.
La fête, la joie et les chants avaient retenti pendant un long moment déjà, et Banrad se demandait si la nouvelle année ne s’était pas déjà immiscée sur le calendrier depuis plusieurs deoctodiex déjà.
Il ouvrît les yeux. Comment ? Il n’a pas pu s’endormir ! Pas avec sa vigilance, et surtout avec ce froid ! Non, il n’avait pas cligné des yeux. Il se sentait fatigué, bien sûr, mais cela ne justifiait pas s’être endormi. Cela n’avait pas duré longtemps. Un instant d’assoupissement, sans doute, de toute façon, les lumières et la musique étaient encore présentes… Mais les parchemins n’y étaient plus ! Ils s’étaient volatilisés dans ce seul instant. Banrad n’avait pu les confondre avec les décorations alors qu’il les surveillait, elles avaient bien quitté l’arbre avant qu’il ne rouvrît les yeux. Mais cependant, il en restait quelques uns, au fond des branches. Ils semblaient onduler lentement, dans l’air froid de la nuit, vibrer avec un léger enthousiasme, même se soulever. S’envoler. Banrad observa la poignée de vœux s’élever dans les airs et s’éloigner vers la montagne où luisaient les étoiles. Banrad devinant voir là une magie mystérieuse opérer, s’engagea à la poursuite des morceaux de parchemin emportés par le vent, et s’en alla sur le même chemin qu’empruntèrent ses notes de musiques, alors que le vent l’écoutait siffler.

Il courût sans s’arrêter entre les arbres, et les clairières de la montagne, guidés par les souhaits manuscrits qui le menaient toujours plus loin, toujours plus haut. Plusieurs se perdaient dans les feuillages, lorsque le vent reprenait son souffle, d’autres se noyaient dans les ruisseaux, les derniers s’enfuyaient vers le sommet.
En sortant des bosquets, Banrad s’élança dans les plaines balayées par les rafales glacées qui poussaient plus vivement encore les échantillons de l’âme des villageois, qui s’aventuraient dans les bras de leur cueilleur, sans doute au-delà de ces bois, de ces rochers, ou de ces nuages. De ces nuages, sans nul doute. Banrad s’était arrêté au bord des falaises. Les derniers souhaits n’avaient pas rejoint la brume qui masquait l’horizon, mais la voûte étoilée : ils s’envolaient vers la lune, ronde et profonde, qui luisait au dessus de la terre. Il regarda le fruit de son espoir disparaître dans l’ombre du ciel, écoutait le silence des montagnes, là où s’achevait la symphonie du vent. Il baissa la tête, traversé par l’amertume, qui dressait un obstacle plus grand devant lui que le gouffre des falaises elles-mêmes. Il s’inclinait. Et s’agenouilla. Il ramassa à ses pieds un morceau de parchemin, le dernier d’entre eux, qui n’avait pas pu voler de ses propres ailes. Il l’approcha de ses yeux en essayant d’y lire la mince écriture, en vain, il faisait trop sombre pour y voir.

Banrad commença à faire demi-tour, mais son regard fût attiré par une infime lumière, une étincelle minuscule qui luisait, au creux des bosquets, plus bas. Il se mît à la suivre, il s’agissait sans doute d’une des lumières du village. Au fur et à mesure qu’il s’en approchait, la lumière devenait plus distincte, elle provenait des feuillages. Il découvrît alors entre les branches d’un pin une petite hutte, dans laquelle sommeillaient une minuscule créature lovée dans un amas de brindille, avec un insecte à la crinière touffue, auprès d’une lanterne à la flamme douillette.

Banrad poursuivît sa route, tâchant de rejoindre le village, il fût de nouveau interpellé par une flamme dansante, un peu plus bas, vers les collines. Lorsqu’il arriva à proximité, il pût entrevoir un feu de bois se consumer au milieu d’un cercle de nains au nez crochu, qui buvaient un élixir fumant dans leur chaudron.

Apercevant une nouvelle lueur, il descendît encore, revenant sur le chemin de sa poursuite hasardeuse vers le mystère de la nuit. Son regard s’arrêta sur un buisson dans lequel de fines nuées argentées se promenaient, tels des nuages égarés, en vibrant faiblement à chaque parole prononcée, de voix qui se répondaient empruntes d’un écho éloigné. Banrad contourna le buisson pour partir à la recherche du nouveau scintillement qui séduisait sa vision.
A quelque pas, entre l’humus et la mousse endormie, des lucioles dansaient en spirales, comme si l’une cherchait à rattraper l’autre sans le pouvoir. Elles brillaient ainsi au creux des racines, et dans le dos de Banrad, qui répondait à l’appel d’un nouveau signal, au loin.

Il reconnût une torche, flambeau magnifique, suspendu à la paroi d’une caverne qui s’enfonçait dans l’obscurité. Le noir de cette grotte n’était percé que d’une paire d’yeux rougeoyants, à laquelle s’ajouta une autre, puis encore une autre…

En arrivant au sommet de la colline, il retrouva les bois qui entouraient le village. Entre les arbres, une brillance argentée l’invita à rester sur la route de la lumière. Par delà les arbres, il pût apercevoir la rivière qui longeait la lisière des bois ; il s’approchant de l’eau, dont la surface était couverte d’une couche de glace superbe, lisse et plane, qui reflétait l’éclat de la nouvelle lune, accompagnée de ses étoiles. En quittant le bord de la rivière, son regard fût attentif au petit banc de poissons qui frôlaient la glace en se déplaçant, la lumière faisant luir leur drapé d’écailles.

Les habitations du village se dessinaient déjà en bas, alors que Banrad retrouvait le chemin de son refuge, guidé par les dernières lumières venues parsemer sa route. Il passa près du cimetière, et vît sillonner au pied d’une pierre tombale deux feux follets qui s’étreignaient pour marquer la fin d’une vie.

Parvenant à la porte de son habitation, il jeta un dernier regard au grand sapin, là-bas, sur la proche colline, qui avait apparemment décidé de garder son secret une année de plus.
Banrad entra chez lui, et sa vision se posa en premier lieu sur une bougie, qui baignait la table de sa douce lumière. Les personnes assises tout autour l’accueillirent avec gaieté :
« Le revoilà ! Viens-donc profiter avec nous de Naelgolomün, on t’a gardé une chope de côté ! Tu arrives pile pour les neufs coups de l’an nouveau ! »
Et alors qu’il prenait place, pour profiter du festin, il songea au parchemin qu’il avait récupéré dans la montagne. Il le sortît de sa poche, et pût lire le souhait formulé à la lumière de la bougie :

Que personne ne reste seul
et éloigné des siens
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