Les Troubadours des Plaines
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 En entrant sur la pointe des ongles... à la célébration bourgeoise - Partie 6

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AuteurMessage
Aklatan
Capitaine des Plaines
Aklatan


Messages : 483
Date d'inscription : 04/07/2008
Age : 111
Localisation : Collines de Sous-Voûte-Chêne, la maison à côté de la cascade, où un gnome taille parfois des pierres.

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MessageSujet: En entrant sur la pointe des ongles... à la célébration bourgeoise - Partie 6   En entrant sur la pointe des ongles... à la célébration bourgeoise - Partie 6 Icon_minitimeVen 25 Déc - 18:32

Il ne manquerait plus qu’il tombe sur la vieille Pixie, à la recherche de la sortie ; il faudrait vraiment qu’elle ait la volonté de veiller cette nuit ! Mais sa théorie du simple voyage lui revenait en mémoire : « si tu voyages, évites les grands axes, fraies toi un chemin que personne n’utilise ». Belle morale que celle-là, le Père Gnoël aurait pu la déblatérer, dans le lot. Il retrouva alors la trace de la trappe, dans la cavité du couloir, et, s’assurant d’être seul au beau milieu de l’obscurité, il l’ouvrît… du moins, il essaya.
Le plafond était bien élevé, et la trappe bien éloignée. Il sauta à plusieurs reprises, tâchant de faucher la poignée qui s’élevait à une quinzaine de pieds du sol.
« C’est pas une trappe pourrie qui va m’arrêter ! » pensa-t-il, dans un regain de force. Il prît son élan, et fonça jusqu’au mur sur lequel il s’appuya pour rebondir jusqu’au plafond, attraper la poignée, et ouvrir le petit battant. Suspendu au plafond du couloir, il avait toutes les chances de voir arriver le comte, qui dormait dans la chambre à proximité, avec l’impact bruyant qu’il venait de faire retentir dérapant contre le mur. Il aspira une grande bouffée d’air, puis se hissa jusqu’au rebord du cadre, l’escalada pour s’y engouffrer entièrement, avant de refermer la trappe sèchement.

D’habitude, le Troubadour s’avérait être très morose pour s’adonner à ce pénible exercice. Il devait sans doute remercier le petit morceau d’ongle, qui cachait bien son jeu, mais qui donnait raison à l’autre garce.
Le seul problème était qu’il était monté à l’étage supérieur, alors que descendre aurait été la meilleure solution pour rejoindre la sortie. Peu importe, le passage s’avérait assez intriguant : une torche illuminait le couloir étroit, qui grimpait comme vers un grenier.
En suivant le petit escalier, il arriva dans un espace complètement noir, qui lui rappelait vaguement l’atmosphère de la cave. Il n’aurait pas à croiser de fantôme, cette fois, un autre petit escalier, baigné de la lumière d’un nouveau, était visible à l’autre extrémité de la pièce. Il commença par le descendre avec prudence, discrétion et souplesse, mais préféra le dévaler en trombe alors qu’une voix sinistre articulait dans son dos :
« Je suis le fantôme des Naelgolom… » Sans y prêter la moindre attention, il découvrît une nouvelle trappe, qu’il ouvrît en vitesse, avant de la franchir, et de constater pour la troisième fois que tout ce qui monte redescend, même souvent brutalement.

Il se releva en frottant son épaule endolorie, et inspecta la pièce. C’était même une salle, un hall immense, un espace sans frontière, un gouffre sans fond, où le moindre pas produisait un écho sifflant. A sa gauche, un vitrail gigantesque occupait la plus grande partie du mur, et laissait voir la campagne ainsi que le village des Hautes-Plaines. La nouvelle lune s’était dévoilée dans le ciel, elle étendait un rayon argenté sur le sol dallé de la grande salle totalement vide, nue et froide, seulement abritant un clavecin.
Un unique, un impressionnant et magnifique clavecin… qui jouait. Une mélodie infime, douce et triste, mélancolique et angoissante, mais ce n’était pas le clavecin qui jouait tout seul. Aklatan fît un pas de recul en croisant le regard du claveciniste. Un homme à la peau profondément blanche et âcre, au regard vide, poursuivait de faire vibrer doucement les touches de l’instrument, de ses longs doigts crochus.

Il s’arrêta, et rompît le silence d’une traînante, monotone, et presque effrayante, car le ton de ses dernier mot faiblissait à chaque phrase, comme si ses fins de phrases chutaient, ou fondaient en s’évanouissant :
« Vous êtes bruyant… Vous empêchez les esprits de dormir… » Le Troubadour conclût qu’il devait donner une réponse :
« Ah… Je… Je ne ferai plus de bruits. Excusez-moi. » L’étrange individu le dévisagea d’un regard insoutenable un nouvel instant. Puis se leva lentement, le dos voûté, contourna le clavecin, puis marcha vers le grand vitrail. Il s’arrêta face à lui, puis étendît ses membres et sa tête de part et d’autre de son corps, les élançant calmement en arrière, comme si il voulait se plaquer contre le verre. Un long soupir s’échappa de sa gorge, et sa silhouette s’embruma, il traversa le vitrail en se fondant dans ce nuage étrange, et disparût au-delà de la paroi en y laissant incrustée la marque de son évaporation. Le vitrail comprenait maintenant en son centre une tâche opaque et scintillante, semblable à une du sucre, ou une fine couche de neige.

Le Troubadour s’en approcha, intrigué. Il ne pût s’empêcher de toucher cette matière spectrale qui s’était imprégnée subitement… Son doigt frôla le verre, et la tâche éclatant en des millions de morceaux brillants, creusant un énorme trou dans la fenêtre. Il recula vivement lors de la réaction, surpris ; il avait l’impression d’avoir brisé une couche de glace très fine.
Son échappatoire lui était servie sur un plateau : dérangez un fantôme en pleine nuit dans un château, il vous en donnera une issue supplémentaire en croyant vous mécontenter par un courant d’air. S’ il avait réveillé davantage de fantômes, ils n’étaient pas les seuls dans le château, sans doute, grâce au superbe écho que les dimensions de la salles forgèrent avec l’explosion du verre. Que voilà une nouvelle bonne raison de profiter rapidement de la situation.

Aklatan jeta tout de même un regard incertain vers le bas, ne sachant si sauter était la meilleure solution ; en se penchant, son pied heurta le bas du vitrail encore existant : il plongea dans le vide, les yeux exorbités, certain d’avoir été sauvagement bousculé par des esprits grincheux, agacés par sa présence prolongée en ces lieux.
Le Troubadour n’avait jamais trouvé des buissons épineux si confortables. Pouvoir se relever, le corps parsemé d’épines et d’écorchures, après une chute de vingt pieds lui paraissait être un réel plaisir, pour s’allier au contentement d’avoir récupéré une rognure d’ongle et d’être sorti d’un manoir en se jetant par la fenêtre.
Le vent était glacial, sous la nouvelle lune qui apparaissait avec splendeur dans le ciel noir, et le drap blanc de la campagne s’étendait jusqu’au village. Aklatan s’étira, frotta plusieurs de ses écorchures, puis reprît le chemin de sa maison en boitant et en grommelant.

En passant près du grand sapin de la place du village, il remarqua qu’aucun parchemin n’y était plus. Cela n’avait plus d’importance, parmi ses nombreux souhaits, un seul s’était réalisé plus ou moins convenablement cette nuit. Il poussa la porte de sa petite demeure, en jetant un regard satisfait sur la couronne de houx que l’on avait déposé pour la fête.
« J’ai festoyé à ma façon, on va dire… Ca été ma fête, une sacrée soirée. Rhoo, j’ai trop la dalle ! » Mais il alla se coucher, un brin contrarié en déplorant une nouvelle fois que son garde manger ne contenait plus que des araignées.

Il entendît le chant du coq, du fond de son sommeil de fonte. Un chant suraigu retentissait à ses oreilles, accompagné d’un rythme de percussions, lourdes, graves, et s’accélérant. Toujours s’accélérant, s’intensifiant, comme si on frappait son plancher à coups de masse…
« Tu as quelque chose qui m’appartient, toi ! » Hurla le maître archer en saisissant le Troubadour par le col, l’arrachant de son sommeil musical, au travers duquel il avait entendu le pas des visiteurs entrer chez lui. En colère !
« A moins que tu l’aies jeté aux ordures, n’est-ce pas ! Tu veux que je t’apprenne à farfouiller dans les affaires des autres ? » La potasse avait dirigé son père dans le repaire de sa victime, elle se contenta d’attiser sa flamme sur le bûcher du Troubadour pour l’éloigner du sien :
« Je l’avais gardée secrètement dans un coffre, et… dans mon sac ! C’est du respect qu’il lui manque, et de la jugeote ! Il l’a sûrement fait exprès pour emmerder son pote, et moi ensuite, c’est qu’un petit sal…
- Ca va chauffer pour toi, parce que je te… » Aklatan avait plongée une main paniquée dans sa poche, et saisie la petite boîte, qu’il montra, le souffle court, au maître archer, qui cessa tout mouvement, pour s’en emparer. Il l’ouvrît, et son regard s’illumina, tandis que celui de sa fille devînt noir comme un gouffre. L’homme se redressa en éloignant du Troubadour son visage, qui avait perdu toute expression de rage, et retourna plusieurs fois la rognure d’ongle avec un sourire.
« C’est la mienne, c’est le bout d’ongle, je le reconnais. Il n’était pas si loin que ça finalement. » lâcha-t-il d’une voix beaucoup plus détendue. « Tu l’as retrouvé après l’avoir perdu ?
- Hem…
- Peu importe, je le récupère mais je vous rends le coffret, bien sûr. Allez, joyeuse Naelgolomün. » Aklatan s’assît sur son lit pour expirer calmement, et surtout pour dévisager narquoisement l’autre mufflarde, qui lui avait déjà tourné le dos pour rejoindre la sortie en trois pas et claquer la porte avec fureur.

Ce matin, des lambeaux de papiers déchirés jonchaient le sol tout autour du sapin géant du grand salon, au premier étage du manoir. Sire de Rontefoy buvait un verre de vin blanc, fier du manteau resplendissant qu’il venait de se voir offrir, grâce auquel tout le monde le remarquerait davantage partout où il irait dépenser son argent ; mais néanmoins renfrogné en songeant à la note qu’il allait devoir payer pour réparer le vitrail de sa salle de bal. La grande mastraemista sa femme s’extasiait en appliquant sa nouvelle crème de teint, elle ne cessait cependant d’importuner son chien pour qu’il donne son avis sur son maquillage, l’animal essayant de grignoter son os de cerf fraîchement apporté des étoiles, après la mauvaise nuit qu’il avait passée.
Dans le couloir, délaissant un instant la table du petit-déjeuner qu’elle devait nettoyer, la vieille Pixie discutait avec le domestique Franky, qui paraissait désorienté en posant son regard vide, au milieu de son visage verdâtre, sur la vieille. Elle lui disait avoir retrouvé le morceau d’ongle qu’il s’était arraché il y a des années de cela, et lui aurait volontiers offert pour Naelgolomün. Elle savait qu’il tenait à cet ongle. Il n’est pas bon d’en égarer un morceau alors qu’on a saisi la foudre à pleines mains ! Mais bon, à présent, il fallait qu’il aille ranger les serviettes de bain.
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