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 La Citrouille Balafrée : Les voix des feuillages - Partie intermédiaire

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AuteurMessage
Aklatan
Capitaine des Plaines
Aklatan


Messages : 483
Date d'inscription : 04/07/2008
Age : 111
Localisation : Collines de Sous-Voûte-Chêne, la maison à côté de la cascade, où un gnome taille parfois des pierres.

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MessageSujet: La Citrouille Balafrée : Les voix des feuillages - Partie intermédiaire   La Citrouille Balafrée : Les voix des feuillages - Partie intermédiaire Icon_minitimeMer 11 Nov - 14:46

L’étranger brisa le silence de sa voix rauque, l’interpellant sur un ton détaché :
« Tu as l’air avisé, mon ami. » Alors qu’il parlait, il laissait sortir sa langue pustuleuse entre chaque parole, comme si il voulait gober quelque mouche invisible. « Tu as peur n’est-ce pas ? Tu as peur… d’eux.
- Que…que… qui...v…vous… que… » bégaya péniblement le pauvre homme, à peine en mesure de tenir son arme en main.
-« T-t-t… Regarde-toi, pire qu’une feuille morte sur le dos d’un vers de terre. Ils sont plus forts que toi à ce jeu ! Tu n’as même pas les moyens d’en attraper un seul. Ils te dévoreront les yeux.
- V… vous… qui… je…
- Qui je suis ? Personne ! Non. Je suis toi, tu es moi, je suis les branches, les piafs, le sol, le gardien de la voie de la fortune… Je te fais peur ?
- Je… c’est… c’est…
- Non, évidemment que non. Tu ne peux me craindre moins que ces choses là. » Laissant durer l’attente angoissante qui perdurait entre eux deux, il s’approcha de lui à pas lents, et murmura, un sourire repoussant à ses lèvres recouvertes de gerçures :
« Je peux t’en débarrasser. Je suis là pour t’aider, après tout. Crois-moi.
- Je ne… je ne suis pas sûr…
- Y a-t-il une chose dont tu as eu la certitude dans toute ta vie poisseuse ? Pourquoi t’es-tu retrouvé à tourner en rond au milieu d’une plaine à écouter ces choses chanter leur haine ?
Réagis ! Tu sais ce que tu dois faire pour une fois, et c’est par moi que tu dois passer !
- Je ne sais pas si… si je peux f.. faire conf… conf…
- Tu ne fais confiance à personne. Pas à un seul homme. C’est pour ça que je suis là. Je suis ne suis pas un homme.
- Vous êtes… vous êtes démoniaque…
- Bougre de flétrissure abrutie ! Lequel est-il le plus démoniaque entre nous ? Moi ou… les oiseaux ? » Face au silence anxieux du mollusque dont les jambes commençaient à fléchir, la créature s’essaya à porter un coup final à la persuasion ; il tenta de l’impressionner davantage en approchant de son visage livide son doigt griffu et écaillé :
« Ou bien... serait-ce toi ?
- Non !
- Faudrait-il te supprimer ?
- N… je… je ne veux pas…
- Ecoute-moi : si tu veux mettre fin à ton calvaire, procure-toi du bois de Loquaçia, tu pourras faire quelque chose de ton arme ridicule de cette façon ; il n’y a que ça, dans cette forêt.
Tu prélèveras la structure centrale, la plus profonde du tronc ; puis tu fabriqueras un appeau, de la longueur de ton pouce. Peu importe sa forme et son fonctionnement, ça n’a aucune importance, tu n’auras qu’à me l’apporter demain au crépuscule, quand les chants des arbres cesseront. Nous serons tous deux satisfaits ; il adviendra que ces piaillements auront… une toute autre tonalité. » ajouta-t-il en ricanant. L’homme voulût donna son avis, mais l’étranger ne lui en donna pas le temps. Se retransformant en sombre renard, il ordonna :
« L’objet demain au crépuscule, n’y manque pas. » Et il disparût au cœur de la forêt.
Le malheureux ermite ne savait plus à quoi s’en tenir, submergé par ses émotions. Il était seul à présent, et se sentait au bord de l’évanouissement. Il renonça à sombrer dans le malaise lorsque de nouveaux chants d’oiseaux vinrent retentir à ses oreilles de façon alarmante, qui lui transmettait le sentiment atroce d’être poursuivi par les démons. Sous le rythme de ses trépidations, il se hâta de partir à la recherche d’un petit Loquaçia. Cela fait, il coupa un segment de tronc, et quitta le couvert des arbres dans la panique la plus accablante.
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