Les Troubadours des Plaines
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 Quémandeur de la citrouille - Dernière partie

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AuteurMessage
Aklatan
Capitaine des Plaines
Aklatan


Messages : 483
Date d'inscription : 04/07/2008
Age : 111
Localisation : Collines de Sous-Voûte-Chêne, la maison à côté de la cascade, où un gnome taille parfois des pierres.

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MessageSujet: Quémandeur de la citrouille - Dernière partie   Quémandeur de la citrouille - Dernière partie Icon_minitimeMar 3 Nov - 16:48

Avant que le Troubadour n’ait le temps d’émettre la moindre pensée, on frappa à la porte. Neuf fois. On pouvait difficilement discerner qui se tenait derrière la vieille porte craquante, en raison de la faible lumière… et notamment du silence qui glaçait l’atmosphère plus que ne l’était le vent de la nuit au dehors. Neuf coups. Tarlun en donnait deux coups pour satisfaire son poing gracile, ou pour le garder pour donner le troisième sur le visage d’Aklatan. Sermias en donnait quatre : un pour dire qu’il faisait jour, un autre pour dire qu’il avait faim, un autre pour frapper à la porte, et un dernier pour se singulariser et signifier qu’il était le visiteur. Oxys ne frappait jamais à sa porte, ou bien il la crochetait. Gribok a toujours la clé, en ancien colocataire, mais n’a jamais su se servir que d’une clé chiffrée. Enfin Aramanth frappait trois coups ; le ternaire, ça le connait. A moins que Tarlun, Sermias et Aramanth ne frappent à sa porte tous ensemble – et lui fassent la surprise suprême de lui rendre visite une fois dans l’année – il ne pouvait s’agir que…
L’homme ôta lentement son capuchon, pour laisser découvrir un visage livide et ridé, dont la seule chandelle de la pièce parvenait à faire briller ses yeux blancs. Quelques longs cheveux moribonds et noirs étaient allongés le long de son crâne chauve. Une longue attente permît à chacun de s’observer droit dans les yeux, si ce n’était pas aussi pour l’un de savourer l’angoisse de l’autre à leur vision réciproque. L’étranger leva sa citrouille à bout de bras au niveau de son visage, et marmonna, laissant paraître quatre grandes canines jaunies et aiguisées de part et d’autre de sa mâchoire :
« Bonsoir, messire. » Un silence. « Nous allons y aller, venez avec moi. » A ses paroles, le vent siffla avec une force terrifiante, le Troubadour tenta de retenir un frisson qui voulait lui faire perdre contenance. Il interposa sa question, fondamentale au discours inutile :
« Qui êtes-vous ?
- Je ne suis que l’exécutant. J’ai appelé, vous avez répondu ; vous devez vous en souvenir. Venez avec moi.
- Comment ça « venez avec moi » ? Enlevez votre masque et allez vous acheter vous-même des bonbons du chaudron !
- Il y a neuf lunes, vous vous êtes emparé de la citrouille maléfique offerte en sacrifice. C’est donc vous que le sacrifice a choisi, vous vous êtes perdu dans les sillons de la nuit noire, à présent la reine Korlmineille vient récupérer son offrande. Venez avec moi.
- Je vous suivrais pas. La reine bibeille aura qu’a se faire une soupe au potiron, et ça ira mieux. » L’étranger retînt la porte qu’Aklatan voulait refermer de sa main puissante, et le regarda à nouveau de son œil perçant. Son regard se porta ensuite sur le fond de la pièce, sur le cadavre pourrissant du forgeron. Le visiteur avança sa main crochue et referma ses doigts d’un geste ferme, comme s’il venait de saisir un papillon en vol. Dans sa main prît forme un lueur mouvante, lumière aux reflets argentés, qu’il plongea dans sa bouche et avala. Il reprît :
« Cette âme avait l’air de souffrir atrocement depuis tout ce temps. Là où elle est maintenant, elle souffrira davantage. Si vous ne me suivez pas, votre âme le fera.
- Vous voulez aussi me manger mon âme, je me demande bien ce que vous en ferez, une châtaigne vaut plus que celle-la.
- Elle servira au roi Kaskha. » Aklatan resta muet un instant, pour ainsi dire une éternité. A quoi servait-il d’appeler des histoires légendes ? Il songea que si la malchance avait choisi une unique victime en la nuit macabre de Gaggelon’Kashka, ça ne pouvait être que lui. Le Troubadour soupira, comme s’il s’apprêtait à signer le contrat qui l’obligeait à partir pour les limbes. Il chercha une raison qui pouvait colorer d’un infime optimisme à sa situation : au moins il n’aurait pas à rembourser son emprunt au coffre de clan.
« Je peux prendre mon luth ? » demanda-t-il l’air dépité. L’étranger rétoruqa, un sourire aux lèvres :
« Vous n’en aurez pas l’utilité. A présent venez avec moi. » Le Troubadour jeta un regard derrière lui, et tomba sur le saladier qui contenait encore le Moût des songes macabres, concoction dont il avait dessein de faire goûter aux Troubadours. De toute façon ils étaient absents en cette saison. Il passa le seuil de la porte, prêt à s’engouffrer dans les rafales venteuses de la nuit maudite ; où la simple feuille morte qui passait par là pouvait transporter l’ectoplasme d’un des nombreux spectres qui refaisaient surface dans l’ombre.
L’étranger passa devant, remettant sa capuche et brandissant son falot-citrouille, suivi du Troubadour faisant un nouveau pas en avant… et plusieurs autres en arrière. Un tourbillon verdâtre et lumineux emporta Aklatan, l’aspirant en arrière, et s’évanouit aussitôt après avoir renversé une chaise. L’étranger se retourna aussi sec, et pénétra dans la pièce obscure, la balayant de son regard furieux. Au milieu du désordre, la citrouille balafrée tentait de rouler jusque sous une armoire, mais elle ne pouvait échapper à la vision du visiteur.
« Ah ben… Où est-ce qu’il est passé ce corniaud ? Ahlala, toujours nerveux à la nuit noire, celui-là… peut pas tenir en place ! » L’étranger dévisagea d’un œil noir le misérable légume qui hésitait à se cacher, mais que son air malicieux ne pouvait quitter.
« La reine des songes récupérera son offrande, tôt ou tard. Qu’elle soit citrouille maudite, âme égarée, ou esprit ; tenez-le pour dit. »
Il franchît la porte, s’engagea sur le chemin désert du village, et emprunta le portail pour s’éloigner sur la route étreinte d’obscurité, en direction de la forêt.

La nuit des songes macabres étendait toujours plus loin son voile impénétrable, sous lequel se déroulaient progressivement les infamies et actes de sorcellerie divinatoires les plus étranges, tandis que les êtres oubliés de ce monde se glissaient lentement vers le chemin de la terre des vivants.
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